Sourire trié par wedemain.fr
Nous vous avions déjà parlé d’initiatives lancées pour augmenter la récupération et le recyclage des bouteilles en plastique, comme en Chine où cela permettait de voyager, ou en Turquie, pour nourrir les chiens errants. Voici aujourd’hui une initiative française, et qui se développe.

Chaque sac de bouteilles en plastique permet de gagner des points (crédit : Yoyo)
Une balade en canoë, un panier de légumes ou un abonnement à une voiture électrique… L’un de ces cadeaux vous tente ? Ils sortent tout droit de la hotte de Yoyo. Créée en 2016, la start-up propose aux citoyens d’apporter leurs bouteilles en plastique chez des « coachs » de quartier, en échange de points donnant droit à des cadeaux au choix sur son site.
De Bordeaux et Lyon, le concept s’est exporté à Mulhouse, Marseille, et débarque cet automne en région parisienne. Les villes de Clichy, de Levallois et d’Asnières viennent de signer pour des expérimentations dans des quartiers ciblés.
Une réponse à un décalage criant : « Les grandes villes sont les lieux où l’on consomme le plus de plastique mais où l’on trie le moins », souligne Éric Brac de La Perrière, fondateur de l’entreprise et ancien président de Citeo. Sur l’ensemble du territoire, le taux de recyclage des emballages en plastique atteint 25 % en moyenne, mais seulement 15 % dans les grandes villes et 5 % en Île-de-France… Bien moins que dans les pays voisins (plus de 40 % en Norvège ou en Suède). Alors que l’objectif fixé par le gouvernement est de 100 % en 2025…
La cause de ce retard ? Des consignes de tri peu harmonisées et complexes en France, des usines de recyclage à moderniser, mais aussi un manque de mobilisation des citoyens. D’où l’idée de les motiver, avec des cadeaux à la clé.
Bonus/malus pour encourager le recyclage
Dommage d’en arriver là ? « Il faut arrêter avec la vision moralisante de l’écologie, de penser en termes de bien et de mal ! Cela fait des dizaines d’années que l’on fonctionne ainsi et cela végète ! », rétorque Éric Brac de La Perrière.
Pragmatique, il rappelle que la plupart des pays qui ont pris de l’avance en matière de tri appliquent des bonus ou des malus : consignes en Allemagne, amendes en Belgique ou en Suisse… La secrétaire d’État à la Transition écologique avait d’ailleurs annoncé en août que ce type de mesures pourrait se développer en France.
Yoyo a choisi la carotte plutôt que le bâton : « Il faut encourager les citoyens à se sentir acteurs de leur réduction d’impact. » La start-up mise sur des cadeaux pour motiver les consommateurs mais aussi sur « le sentiment d’appartenance à une communauté positive », au sein de leur quartier.

Des concierges de quartier s’occupent de collecter les sacs destinés au recyclage (crédit : Yoyo)
Résultat ? L’entreprise obtient un taux de recyclage des bouteilles plastique de 90 % chez les particuliers qui jouent le jeu. Concrètement, des « coachs » de proximité, par exemple un concierge d’immeuble, un retraité, ou un commerçant, distribuent des sacs numérotés aux volontaires, qui leur rapportent leurs sacs pleins. Yoyo passe chercher ces sacs et les scanne, ce qui permet aux consommateurs et aux coachs de suivre les points engrangés.
Confiance dans l’intérêt du tri
Puisque le taux d’erreur est infime, les sacs peuvent être envoyés directement vers une usine de recyclage sans passer par un centre de tri. « Avec ce système, nous apportons aussi de la traçabilité : il faut avoir des indicateurs fiables pour gagner la confiance des gens sur l’intérêt du tri et progresser. »
Un système qui serait gagnant au bout de deux ans pour les collectivités participantes. Le coût des opérations est compensé par les subventions versées par Citeo qui supervise le recyclage des emballages ménagers en France.
À l’avenir, un système qui pourrait s’étendre à d’autres déchets… surtout si – objectif prioritaire – la consommation de plastique baissait. Pour rappel, la France fait partie des cinq plus gros consommateurs de bouteilles en plastique, avec chaque jour 25 millions d’unités jetées.
Source : wedemain.fr