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Crédit : www.mademoisellemaurice.com - Photo : Stève Siracuse

Quand l’homme laisse son cœur agir !

Sourire chassé sur La Provence

Il y a un mois, nous rencontrions Thomas, 17 ans, qui ne pouvait suivre sa thérapie, faute de prise en charge par la Sécu. Touché par son histoire, un lecteur à la retraite a accepté de le conduire gracieusement tous les vendredis, à Valence. 

Crédit photo : VALÉRIE SUAU

Crédit photo : Valérie SUAU

L’un a 81 ans, l’autre en a 17. Et malgré leur écart d’âge, Eloy Punti et Thomas Basset sont en train, peut-être, d’assister à la naissance d’une amitié. Depuis près d’un mois, ces deux-là que rien ne prédestinait à se rencontrer se retrouvent une fois par semaine.

Eloy Punti est un lecteur de La Provence et le 8 novembre dernier, lorsqu’il a lu l’histoire de Thomas, il s’est empressé de nous téléphoner. Touché par le cas de l’adolescent, atteint du syndrome Gilles de la Tourette, Eloy Punti a décidé de lui venir en aide. Dans nos colonnes, Thomas et sa maman dénonçaient leur carcan administratif. La thérapie du jeune homme, dont le papa est fonctionnaire de police, ne pouvait être prise en charge. La Sécurité sociale et la complémentaire santé des policiers, la MGP (elle-même affiliée au régime de base de la Sécu), refusaient de la financer au motif que la psychologue désignée par les neuropsychiatres marseillais qui suivent l’ado depuis des années, n’était pas conventionnée, alors que son travail est reconnu dans la France entière. Thomas, dysgraphique et dyspraxique souffrant de tics et de TOC, avait trouvé là le moyen d’en finir avec certaines manies. Cet excellent élève en BTS, reconnu handicapé entre 50 et 75 %, ne pouvait pas non plus être pris en charge par l’organisme… La famille Basset avait tout mis en œuvre pour que son fils cadet soit suivi. N’ayant pas le permis de conduire, Florence Basset avait fait appel à un taxi ambulancier pour conduire son fils chaque vendredi à Valence, dans la Drôme, mais la note était vite montée…

De Gainsbourg et Montand à Thomas

Alors quand Eloy Punti s’est proposé pour conduire Thomas, la famille Basset n’a pas longtemps hésité. Tout le monde s’est rencontré. Les Basset ont accueilli Eloy Punti autour d’un bon café. Eloy et sa compagne avaient tenu à apporter des confitures et des légumes du jardin. « Quand j’ai lu le journal, je ne me suis pas posé de question. Je me suis dit : il faut l’aider. Je suis allé voir Yvette, ma compagne, et je lui ai annoncé que je voulais l’aider. Chez nous, c’est comme ça », raconte ce retraité de 81 ans, originaire de Gérone, en Espagne, et installé à Saint-Saturnin-lès-Avignon depuis une trentaine d’années.

L’ancien chauffeur de taxi parisien qui, naguère, a transporté Gainsbourg, Barbara et Montand, fait aujourd’hui le voyage avec Thomas pour lui permettre d’aller chez sa psychologue, tous les vendredis. La thérapie semble porter ses fruits d’après la maman. Thomas, qui avait l’habitude d’écouter de la musique en voiture, parle de tout et de rien avec Eloy. « On ne s’ennuie jamais », dit-il. Il n’est pas rare que ce duo s’arrête en chemin pour déguster une boisson chaude et un croissant sur l’autoroute. Pour les parents de Thomas, cette aide inespérée est tombée à pic. « Quand Eloy nous a appelés, raconte, émue, Florence Basset, on a été à la fois surpris et touché. Au départ, on ne savait pas trop comment accueillir cette nouvelle. On s’est réellement demandé avec mon mari comment des gens pouvaient encore avoir de l’humanité sans rien demander en échange… On a discuté autour d’un café et, croyez-le ou pas, j’avais l’impression que je le connaissais depuis toujours. Sa compagne est adorable. Quand les séances de thérapie vont s’arrêter, je pense que nous resterons en contact. De toute façon, Thomas a envie de garder le contact. »

À la mi-janvier, pour Thomas et Eloy Punti, ce sera l’heure du dernier aller-retour dans la Drôme, mais certainement pas la dernière occasion d’échanger. « L’administration et la société, en refusant de financer la prise en charge de Thomas, n’ont pas voulu reconnaître son handicap psychologique », termine Florence Basset. Mais pour cette maman, le plus important reste la rencontre avec le couple Punti. « On est une famille simple. Il y a des gens qui sont plus dans le besoin. On a beaucoup donné de notre côté et là, on a reçu de quelqu’un de très généreux qui, en retour, ne voulait rien… Un véritable cadeau avec un peu d’avance sur Noël… D’une certaine manière, termine Florence Basset, les Punti sont entrés dans notre famille de cœur : celle qu’on se choisit. »

Ainsi, nous pouvons tous rendre le monde meilleur, il suffit souvent d’une toute petite action, toute simple, et ce, quel que soit notre âge !