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Nos camarades de franchementbien.fr, que nous vous avions présentés en 2016, et que nous vous encourageons à suivre, recensent les bonnes idées et les bonnes nouvelles de France. Sans être spécialement chauvin, savoir et faire savoir qu’en France les initiatives pour un monde meilleur foisonnent, ça fait plaisir !
Aujourd’hui, place à des jeunes « qui n’en veulent », rayon habillement ! Trois jeunes chimistes français ont eu l’idée de valoriser les déchets de poissonnerie pour les transformer en un produit de luxe : le cuir de poisson. Il est très résistant, avec un rendu esthétique et un coût de fabrication très abordable.
Connu depuis des siècles, le cuir de raie a été mis au point sous Louis XV. Aujourd’hui, c’est à Saint-Fons (près de Lyon) que le cuir marin, version carpe ou saumon, baptisé Ictyos par la start-up Cuir Marin de France, débarque !
Du garage à l’atelier lyonnais
C’est dans un garage à Rueil-Malmaison que le premier test est effectué avec des peaux de saumons récupérées dans des restaurants japonais et des écorces d’arbres de forêts parisiennes. Le premier cuir marin fait maison est né ! Après avoir développé le procédé en brasserie pendant plusieurs mois, Cuir Marin de France intègre la plateforme du Centre Technique du Cuir, à Lyon, et finalise le développement du procédé sur foulon.
Aux commandes, 3 jeunes chimistes entrepreneurs qui espèrent bien valoriser une partie des 50 000 tonnes de peaux de poissons qui partent chaque année à la décharge en France. D’un déchet, ils veulent faire un produit de luxe !
Comme l’explique un des membres de l’équipage : « On a tous un peu en tête l’idée que le cuir de poisson sent mauvais, mais c’est faux, le cuir marin ne sent pas le poisson. » Il poursuit : « La peau de poisson est un produit homogène, durable. » La résistance de la peau de poisson, avec ses fibres de collagène entremêlées, est la même que pour celle du crocodile. Et c’est franchement une bonne nouvelle…
La start-up française donne le nom de SQUAMA® aux peaux de poissons comme la carpe ou le saumon qu’ils récupèrent et transforment.
De l’écharnage au palissonnage
Dans l’atelier, les peaux décongelées sont débarrassées de leur chair résiduelle (l’écharnage), puis écaillées et nettoyées dans un foulon (sorte de grand tambour rotatif).
À ce stade, on ajoute tanins et teintures végétales, et, selon les caractéristiques souhaitées (souplesse, résistance, couleur), on utilise des extraits de chêne, de châtaignier ou de mimosa.
Arrive l’étape où l’on fait sécher les peaux à l’air libre, avant de les passer entre les griffes d’une machine d’assouplissement (le palissonnage), puis en pressage.
Pour arriver au produit fini, deux semaines de traitements sont nécessaires dont 80 % se déroulent dans le foulon. Au final, la peau a un aspect exotique, son grain est fin et souple, et son prix est très abordable.
Une start-up verte entre terre et mer
La tannerie se veut résolument verte avec un circuit local et non polluant d’approvisionnement en peaux. Elle a passé des accords avec des mareyeurs, des éleveurs de carpes de la Dombes et une grande chaîne de sushis.
Dans l’atelier de production, on renonce au chrome qui sert aujourd’hui à tanner la quasi-totalité du cuir dans le monde…on utilise des procédés à base de matières végétales comme les déchets de la filière du bois qui n’ont aucun impact sur la déforestation puisque la collecte se porte sur des feuilles, des racines ou des fruits.
La petite entreprise doit encore installer un équipement « vert » qui permettra de recycler 97 % de l’eau nécessaire au tannage végétal. Elle mène aussi des recherches pour diversifier l’esthétique du tannage végétal et teindre sans colorant.
Aujourd’hui, l’entreprise confectionne entre 1 000 et 2 000 peaux de saumons par semaine et espère d’ici à 5 ans arriver à une taille industrielle. Chaque année, une nouvelle espèce est transformée ! En 2020, ce sera l’esturgeon.
Une petite révolution franchement réussie dans le monde de la tannerie et du luxe.
Crédit photo : Cuir Marin de France
Vidéo : conseilnationalducuir.org
Source : franchementbien.fr.