Crédit : www.mademoisellemaurice.com - Photo : Stève Siracuse

Une nouvelle vision pour l’Afrique

SoinSmartphone

Sourire chassé dans le flip.it

Un ophtalmologiste britannique propose de diagnostiquer à distance les troubles de la vue en utilisant un smartphone. Une bonne solution pour les déficients visuels n’ayant pas accès aux soins.

Le Britannique Andrew Bastawrous avait 12 ans lorsque ses gros problèmes de vue ont été réglés par le simple port de lunettes. Vingt-quatre ans plus tard, devenu ophtalmologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medecine, il n’a pas oublié l’impact de ses premiers verres : « Cela a complètement changé ma vie, raconte-t-il. J’ai aussitôt pensé que, si j’avais vécu dans un pays pauvre, des soins aussi basiques n’auraient peut-être pas été possibles. »

En 2011, il a l’opportunité de mener une étude au Kenya. Très vite, il se rend compte que les outils d’examen, coûteux et encombrants, sont inappropriés pour atteindre les zones reculées. Or, dans ces régions d’Afrique subsaharienne, 80 % des aveugles le sont devenus, faute de dépistage ou de traitement adéquat. Avec une équipe de chercheurs et d’informaticiens, Andrew Bastawrous met au point Peek, un ensemble d’applications pour smartphone permettant de faciliter l’accès aux soins d’un patient et d’évaluer sa vue. Outre les tests de lecture à distance, de vision nette ou floue, un examen en profondeur est possible. Fixé au téléphone, un petit outil fabriqué par une imprimante en 3D permet de concentrer une forte lumière sur la rétine et de visualiser cette dernière grâce à une caméra. Ainsi, un ophtalmologiste peut, même à distance, rendre son diagnostic.

« Pour notre premier essai, vingt-cinq personnes formées localement ont examiné 21 000 enfants kenyans en neuf jours », explique celui qui vient de remporter un Rolex Awards. Et l’équipe de Peek prévoit de renouveler le test sur 300 000 jeunes.

Alors qu’environ 285 millions de personnes dans le monde sont atteintes d’une déficience visuelle, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le Botswana, l’Inde et la Tanzanie ont déjà adopté le kit d’examen oculaire portable et des demandes affluent depuis l’Europe et les États-Unis.

« Nous ne lançons un programme de dépistage qu’après nous être assurés que ceux qui en ont besoin pourront recevoir un traitement, le payer directement ou via une ONG, précise Andrew Bastawrous. Et nous privilégions les lieux où notre impact sera maximum plutôt que ceux qui nous rapporteraient plus d’argent. » Un joli point de vue.

Par Céline Lison

sources : http://flip.it/dmTwOq & http://www.rolexawards.com/40/fr/laureate/andrew-bastawrous