Crédit : www.mademoisellemaurice.com - Photo : Stève Siracuse

Le Bhoutan, premier pays 100 % bio ?

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Le Bhoutan, avec ses quelque 750 000 habitants, sera le premier pays à passer à une agriculture biologique intégrale, et ce avant 2020. Dès 2012, ce petit royaume d’Asie avait surpris tout le monde  à la Conférence des Nations unies sur le développement durable en annonçant qu’il serait le « premier pays au monde à vivre d’une agriculture 100 % biologique », et ce 40 ans après la fameuse déclaration de son roi : « Le bonheur national brut (BNB) est plus important que le produit intérieur brut (PIB) » qui avait fait le tour du monde, posant les jalons d’une nouvelle manière de penser « croissance et développement économiques responsables ».

La vente de pesticides et d’herbicides chimiques sera dès lors interdite.

Les agriculteurs bhoutanais n’utiliseront plus de produits chimiques artificiels pour leurs cultures, mais uniquement des engrais organiques naturels obtenus à partir de leur bétail. Pour l’heure, une grande partie de l’agriculture bhoutanaise est biologique en raison du coût élevé des pesticides et des herbicides artificiels. Le Bhoutan a l’intention d’exporter ses aliments biologiques vers les grands marchés chinois et indien, ses voisins géographiques. Le ministre de l’Agriculture Pema Gyamtsho, également agriculteur à l’instar d’autres ministres bhoutanais, a fait cette annonce lors du Sommet sur le développement durable qui s’est tenu à New Delhi (Inde). Il a rappelé les effets néfastes des engrais chimiques sur la qualité des fruits et des légumes, à savoir une valeur nutritionnelle moindre et la pollution des eaux souterraines. Les Bhoutanais sont des cultivateurs de tradition capables de produire des aliments à un rendement suffisamment élevé sans recourir à des produits artificiels, et donc sans dégrader la qualité des sols. Afin de maintenir le rendement alimentaire sans le recours aux produits chimiques, le gouvernement bhoutanais a l’intention d’augmenter le nombre de terres irriguées et d’exploiter les variétés locales résistantes aux nuisibles. Depuis quelques années, les agriculteurs bhoutanais sont confrontés à des problèmes graves tels que la sécheresse ou la pénurie de main d’œuvre migrant vers les villes.

De croyance bouddhiste, le Bhoutanais vit de sa foi et de la bonne conservation et promotion de sa culture. Son principal souci est de vivre en harmonie avec la nature, où Dieu est omniprésent sur les sommets, dans son foyer et sa vie. Ainsi les rivières et les arbres sont sacrés, de même que les montagnes (l’alpinisme y est d’ailleurs interdit). Et une grande partie de la population n’utilise que du compost ou des feuilles pourries comme engrais pour leurs plantations. Cette recherche du « tout bio » n’est donc pas un scoop pour les locaux. Ce qui est nouveau, c’est de voir l’Occident se raccrocher à la « méthode bhoutanaise » pour orienter ses nouvelles politiques de développement. Quatre conférences internationales se sont déjà tenues sur l’indice du « Bonheur national brut (BNB) » – définition jugée plus holistique que le Produit national brut (PNB) pour mesurer la valeur de la richesse naturelle, humaine, sociale et culturelle d’un pays – entre 2004 et 2008, au Bhoutan, en Nouvelle-Écosse, en Thaïlande et une nouvelle fois au Bhoutan.

« Le Bhoutan est en avance sur les mutations de société… Il est en avance écologiquement parce qu’il est en retard économiquement », explique le groupe d’experts des Nations unies qui travaillent avec le Bhoutan sur la notion du bonheur. Cet indice se base sur quatre principes fondamentaux : la croissance et le développement économiques responsables, la promotion de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l’environnement, la promotion du développement durable et la bonne gouvernance. Et même si le Bhoutan est confronté aux affres de la mondialisation malgré tous ses efforts pour la contenir, à des problèmes comme la sous-alimentation pour 25 % de la population selon les critères de l’ONU et à la terrible menace des bouleversements climatiques, tous ses efforts pour étendre la superficie de ses forêts, pour réguler les eaux, protéger les sols et préserver le climat, sont « nécessaires et bénéfiques » pour lui-même et pour le monde entier, assure Nirden Lepcha.

Le bonheur est dans le bio !

Source : http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/24494/au-bhoutan-bonheur-bio